Identité replantée
L'identité est littéralement ce qui nous rend identiques aux autres. C'est essentiel pour former une communauté, qu'elle soit religieuse, nationale, locale, sexuelle, raciale ou artistique. Ce qui rend une identité intéressante, c’est qu’il s’agit en réalité d’une combinaison d’identités multiples uniques à chacun d’entre nous et ressemblant à une boîte à outils. Chacun cherche dans l’identité qui lui est utile à un moment donné. Cela nous permet de trouver une similitude avec d’autres personnes et de créer un lien, une communauté identifiée, même si elle est superficielle et momentanée. Certains peuvent utiliser leur identité pour exclure, mais le voyageur sait qu'il est plus utile d'utiliser l'identité qui inclut. La socialisation avec des inconnus consiste à trouver la «zone d'identité» dans laquelle nous pouvons communiquer.
Pour notre recherche, nous avons pris ici le thème de l'identité, "l'identité replantée", dans le contexte particulier de Micropolis. Étant donné que la plupart des endroits sont habités par des populations autochtones et migrantes destinées à y rester, une identité locale inclusive apparaît comme essentielle pour créer une communauté locale heureuse et prospère. La question de l'identité est devenue très pertinente avec la disparition des frontières traditionnelles. Avoir une certaine nationalité comme identité unique ne suffit plus. Les êtres humains sont de plus en plus connectés les uns aux autres, au-delà des frontières géographiques et linguistiques, et choisir la bonne identité au bon moment est le meilleur moyen d’amplifier ces connexions. Nous restons moins souvent où nous sommes nés ou d'où sont venus nos ancêtres. L’humanité émigre vers les villes et ses populations, plus éduquées que jamais, peuvent choisir où et comment elles veulent vivre. Aider les humains à créer des identités leur permettant de se connecter facilement aux autres n’est plus un luxe mais un besoin commun.
Tout le monde est un mélange d'identités endogènes et exogènes. Notre identité endogène résulte de la manière dont notre corps est connecté, de la façon dont nous percevons les données du monde qui nous entoure et de la façon dont nous le traitons. Tout le monde est, dans cet aspect, assez unique, plus ou moins sensible à certains stimuli. Nos identités exogènes sont le résultat de notre environnement: la culture dans laquelle nous avons grandi, les formations que nous avons reçues, mais aussi les amis que nous avons choisis, les expériences positives et négatives qui nous ont marqués, les voyages que nous avons faits et les influences que nous avons eues. Ce mélange d'identités est la façon dont nous nous définissons et un moyen de nous connecter aux autres. Nous pouvons nous sentir européens parce que nous nous sentons connectés aux autres habitants du continent. Nous pouvons sentir que nous appartenons à un lieu où nous ne sommes pas nés, notre seule présence nous faisant nous sentir liés à ses autres habitants.
Une identité locale réussie est un point de rencontre des meilleurs en nous. Où les particularités physiques de son territoire rencontrent l'histoire du lieu et des gens qui y vivent, tout en laissant la place à ceux qui n'y sont pas encore allés, à ceux qui ne font que passer, et à ceux qui souhaitent s'y installer. Le succès d'une identité locale est une pratique collective quotidienne, un objet de désir, unique et simple, suffisamment ouvert pour inclure la plupart des gens, mais avec une définition suffisamment restrictive pour ne pas perdre de sa vigueur. La recherche d'identité est la quête de ce qui unit les gens, de ce qui les rassemble, à travers ce qui est identique à tous. Nous avons invité des agents créatifs français et norvégiens à s'immerger par exemple dans trois lieux uniques - Florø et Saint-Nazaire et Tøyen à Oslo. Tous sont distinctifs, magnifiques et en transformation, avec des similitudes et des différences. Ces agents ont étudié et observé collectivement et individuellement ces micropoles afin de projeter une nouvelle version de l'identité locale dans des œuvres d'art et objets, tous vecteurs d'une «identité replantée».