Les scénarios de l'Université Éphémère 2018
Un bracelet pour communiquer
« On a remarqué qu’il y avait très peu d’interactions entre les individus dans l’espace public, c’est pourquoi nous avons choisi de nous intéresser à cette question. Il y a des barrières invisibles qui existent entre les personnes, notamment la barrière du jugement. Les gens ont peur du jugement des autres. Il y a aussi une barrière par rapport à l’initiative, les gens ont souvent peur de déranger les autres. Enfin, on a remarqué une barrière culturelle, par exemple entre une population asiatique et une population libanaise, on a remarqué que les libanais étaient beaucoup plus enclins à venir discuter avec des gens qu’ils ne connaissaient pas, alors que les asiatiques mettent vraiment une distance entre les individus. Du coup c’est pour ça qu’aujourd’hui on essaye de trouver, de proposer une solution: un bracelet symbolique qui indique que vous avez envie de communiquer avec les autres. C’est un simple geste, un simple objet qui indique que vous avez envie d’échanger avec d’autres personnes. L’objectif de ce bracelet c’est vraiment de créer du lien social et de donner envie aux gens d’échanger entre eux. C’est un élément déclencheur, un point de rupture qui permet de se rapprocher »
Créer du lien
« Ce qu’on a constaté c’est qu’il y avait des réticences de la part des gens à rentrer chez eux la nuit sans utiliser la voiture. Nous on a donc pensé à re-dynamiser la ville, créer du lien social, ce qui s’inscrit aussi dans les enjeux environnementaux puisqu’on voulait favoriser l’utilisation du vélo, la marche à pied et les transports en commun. On a pensé à l’utilisation de fresques murales artistiques, et pourquoi pas d’autres manières: de la flore fluorescente dans les parcs ou même d’autres moyens, via des évènements pour promouvoir ce projet, comme un festival chaque année pourquoi pas. Le but était aussi de recréer du lien entre les quartiers, entre les gens et de réduire les inégalités aussi. »
Le pallier
« On est partis du constat que dans les milieux urbains, les personnes avaient une grande ouverture d’esprit pour un bon nombre de choses : la culture et beaucoup de choses qui les entourent, mais on a constaté qu’il y avait très peu de liens avec ce qui est juste à côté : ils sont incapables d’avoir des liens avec leurs voisins par exemple. Du coup on a essayé de trouver un moyen de rapprocher, rassembler les gens qui habitent juste à côté et on a eu l’idée de réutiliser le « pallier » qui est pour le moment un espace de passage, un lieu un peu vide qui n’a pas vraiment de sens pour en faire un lieu qui peut avoir un intérêt, qui peut être l’objet d’une activité quelconque et montrer toutes les activités possibles et imaginables qu’il peut y avoir sur un pallier: une bibliothèque, un endroit pour faire pousser des fleurs, une salle de jeu etc. »
Mieux manger
« On est partis du principe que pour manger mieux, ce n’était pas seulement ce qu’il y a dans notre assiette, c’est aussi la qualité du repas, comment « sacraliser » le repas. On est donc partis du principe que lorsqu’on mange seul, on mange beaucoup moins bien que quand on mange ensemble. On est partis sur un moyen de rassembler les gens autour d’un repas pour qu’on soit investis dans ce qu’on prépare et les produits qu’on utilise. On a voulu travailler sur le « bien manger », qu’est-ce que c’est que bien manger. C’est pour cela qu’est née cette idée de camion, cette association qui va dans les quartiers et essaye de rapprocher les gens. Premièrement via un site internet, qui propose des menus et une date: quand les gens se mettent d’accord, ils réunissent tous les ingrédients, trouvent un lieu et se donnent rendez- vous. Et là, les gens peuvent cuisiner en commun les bons produits sélectionnés par l’association (produits locaux, bio ou de récupération). Cuisiner tous ensemble: il y a aussi cette transmission de savoir-faire, de recettes et profiter d’un repas pour faire des rencontres. L’objectif est aussi d’instiguer ce lien social, ces rencontres et potentiellement une fois que le camion part, les habitants pourront continuer à organiser des repas, se revoir, pour ceux qui auront noué des liens. »
Interstices urbains
« Notre avancement, c’est de reconsidérer les interstices des villes, ces espaces délaissés et transformer ces espaces avec une petite pelouse mais qu’on ne voit pas en espaces où on peut glaner de la nourriture, donc faire pousser les plantes qui ne demandent pas beaucoup d’entretien mais qui permettent de se nourrir et de faire de la cueillette. L’occasion de cette cueillette c’est proposer aux gens d’être un peu plus citoyens en s’occupant de ces espaces, avoir des ressources et prendre le réflexe d’en prendre mais aussi d’en laisser pour les autres. On a aussi fait un travail sur la toponymie qui permet de valoriser les usages et la présence de la biodiversité en ville: changer le nom des rues pour accentuer le fait que cela existe et que ça manque de visibilité. »
Sécurité et espaces publics
« Pendant ces deux jours, on a essayé de réfléchir au sentiment d’insécurité que les gens peuvent ressentir dans l’espace public et au manque de confiance des gens les uns envers les autres. Donc on a essayé de trouver les points de convergence dans les différents besoins d’usagers pour pouvoir faire un échange de savoirs et créer de la confiance pour que les gens arrêtent d’avoir peur que tout soit saccagé et pour pouvoir renforcer leur créativité par ce biais. Ensuite, on s’est rendus compte que pour éviter ce sentiment d’insécurité, le moyen durable est de construire ensemble. Le but est de rassembler toutes les générations, toutes les cultures et tous les âges autour d’un lieu ou d’un mobilier urbain qui les sensibiliseraient et permettrait un échange de savoirs pour se sentir de plus en plus concerné et pour que ça dure dans le temps. »
La communauté
« Alors nous on n’a rien inventé pour changer le monde, par contre on a plutôt mis une
« alerte » en parlant de moments de rassemblement des communautés qui peuvent se former autour de la question d’une identité de quartier par exemple, dans des quartiers qui sont en mutation. Le message qu’on a souhaité faire passer, c’est de dire que créer une communauté, partager des échanges pour essayer d’apporter quelque chose de mieux au quartier c’est une super bonne démarche, mais il faut se poser des vraies questions qui sont: Qui monte cette communauté ? Pourquoi ils la montent ? Comment ils la montent ?
On a exploré plusieurs scénarios qui permettent de se poser la question de « si il y a quelqu’un qui arrive avec des idées très fortes et va les imposer aux autres, si il y a des concepteurs bien-pensants qui arrivent avec un projet et qui l’imposent à des habitants par exemple, comment ça peut se passer ? comment ça peut être perçu ? » et la question de l’appropriation des dispositifs d’échange et de savoirs en vue d’une mutation de quartier.
Refaire la société
« Nous, on n’a pas réfléchi à une solution. On a plutôt réfléchi à savoir : quel est le vrai problème ? On a donc passé plus de temps à chercher le problème qu’à trouver une solution d’abord, donc on a travaillé sur le « tous tout seuls mais tous ensemble » et donc sur qu’est-ce que refaire société. On a donc travaillé sur l’individualisme et sur comment recréer du commun entre les gens pour recréer une société. »
Co-propriété
« Nous on a décidé de travailler sur la question des espaces communs et des espaces délaissés dans les bâtiments et de faire en sorte que les copropriétés se réappropriont cet espace et se faire de la programmation et être eux-mêmes vecteurs de leur propre activité pour qu’il y ait plus de collectivité, qu’on connaisse mieux ses voisins et qu’il y ait plus de partage et de solidarité dans les quartiers. Et qu’ensuite ça se multiplie et que ça s’implique à tous les quartiers, tous les types de villes et tous les formats pour que ça se passe
bien. »
Une application digitale pour sécuriser les femmes
« Nous on est partis du constat qu’il y avait de l’insécurité dans les villes et que les femmes en particulier se sentaient mal à l’aise quand elles rentraient de soirée ou quand elles prenaient les transports publics par exemple et que c’était souvent dû aux attitudes des hommes en fait. Donc on s’est imaginé quelque chose de carrément dystopique où dans le futur, tout le monde aurait une puce et les femmes utiliseraient une application pour tracer les hommes via des paramètres comme l’âge, l’origine, le taux d’alcoolémie etc. et pourraient paramétrer le type d’hommes qu’elles ne souhaitent pas rencontrer dans le paysage urbain et donc grâce à cette application, vérifier en temps réel où se situent les hommes qui les dérangent et lorsqu’elles se déplacent, elles avancent dans la rue librement et ce sont les hommes qui reçoivent des notifications pour leur dire de changer de trottoir ou de se déplacer parce que les femmes circulent et ne souhaitent pas être embêtées par ces personnes. Cela change donc le modèle habituel dans lequel ce sont les femmes qui, de base, essaient d’esquiver les hommes, essaient de ne pas porter de shorts la nuit, de sortir en bande etc. De trouver tout un tas de stratégies pour ne pas se retrouver dans des situations difficiles. Là ce serait totalement l’inverse, ce sont les hommes qui devraient faire des efforts et changer pour améliorer la situation, les conditions de vie des femmes dans la rue. »